• Antoine Bourdelle (1861-1929)

  • 30,7 x 21,3 cm
  • Plume et encre de Chine sur papier
  • MB d. 1726
  • Paris, musée Bourdelle

Familier de l'œuvre de Victor Hugo, Bourdelle était hanté par les "formidables pages" de l'écrivain comme par la "lumière noire" de ses dessins. Chez Bourdelle - comme chez Hugo - la recherche du mot qui sonne juste est inséparable des enjeux plastiques.
Quarante ans après la visite du poète à l'église Saint-Michel de Bordeaux, le jeune Bourdelle s'aventurait à son tour dans la crypte aux momies : "Mes chers Parents, gardez bien les dessins que je vous envoie [...] - le caveau renferme 60 à 80 morts conservés par une terre spéciale intacte [...]. J'y suis resté seul 3 ou 4 heures avec deux bougies, j'ai dessiné plusieurs têtes [...] " (Lettre de Bourdelle à ses parents, vers 1883).
En dépit de la recommandation qui ouvre la lettre, seul le dessin de cette Tête décharnée nous est parvenu. Mais les encres et les fusains des masques aux gueules grandes ouvertes (Oeuvre de jeunesse) surgissent du même caveau psychique. Et qui peut dire si les plâtres et les fontes des Figures hurlantes (1898-1899) du Monument aux combattants de Montauban ne perpétuent pas le souvenir du face-à-face sépulcral ?

Auteur de la notice : Jérôme Godeau