• Antoine Bourdelle (1861-1929)

  • 62,5 x 63 x 48 cm
  • 1900-1903
  • Marbre
  • MB ma. 4304
  • Paris, musée Bourdelle

Un homme alangui, les yeux tournés vers le ciel. Une figure indistincte, la main sur son épaule. Le jour, lumineux et la nuit, obscure. Unis comme le sont le soleil et la lune. Unis comme le seraient la lumière et les ténèbres.
A l'aube du XXe siècle, Bourdelle reconnaît dans le marquis Henri du Bideran un modèle « beau comme le jour ». L'artiste décide de traduire dans le marbre cette beauté solaire. Le jeune homme, la tête penchée en arrière, semble gagné par quelque songerie saturnienne. De fait La Nuit, accrochée à son épaule, vient rappeler à la jeunesse le sort qui l'attend. Magma informe, elle paraît déjà lui murmurer l'inexorable de la vieillesse et l'irrévocable du temps.
Riche du souvenir de Michel-Ange à la chapelle Médicis (1518-1534), l'œuvre procède d'une tension des contraires. L'adolescent vigoureux est la proie d'un surgissement inquiétant. Son corps radieux est malmené par une allégorie crépusculaire. En d'autres termes, le réalisme du Jour est menacé par le symbolisme de la Nuit. Le Jour et la Nuit ou l'avers et le revers d'une même médaille déployés dans un marbre uniface.

Auteur de la notice : Colin Lemoine