• Antoine Bourdelle (1861-1929)

  • 24,7 x 17,9 cm
  • Vers 1885
  • Plume et encre de Chine sur papier
  • MB d. 1554
  • Paris, musée Bourdelle

Pour Bourdelle, le monstre a une vertu exutoire - voire prophylactique. Il permet de tenir éloignés les images de la mort, et sans doute, la mort elle-même. Du reste, le monstrum, dont l'étymologie nous dit qu'il est "le prodige qui avertit de la volonté des dieux", semble avoir une vertu oraculaire et thaumaturgique, à l'image de ces anges de l'Apocalypse, qui surgissent de la plume du jeune Bourdelle dans les années 1885-1890. Tous sonnent de la trompette, comme pour mieux annoncer quelque avènement glorieux - celui de l'artiste ?
Le monstre est le symptôme manifestement éloquent du corps - physique et social. Des peurs, il est l'émanation et l'épouvantail. D'où sa nature complexe, et souvent hybride, chez Alfred Kubin ou Max Klinger, André Masson ou Hans Bellmer. Le mécanisme et la figuration de l'hybridation sont familiers à Bourdelle, que l'on veuille observer les dessins d'obédience symboliste comme les œuvres plus tardives - ainsi Le Jour et la Nuit (1900-1903) ou Centaure mourant (1911-1914), deux sculptures monstrueusement dialectiques.

Auteur de la notice : Colin Lemoine