• Antoine Bourdelle (1861-1929)

  • 24,6 x 17,9 cm
  • Plume et encre de Chine et sépia, lavis d'encre sur papier vélin
  • MB d.1556
  • Paris, musée Bourdelle

Sur la blancheur du vélin, l'œuvre au noir des dessins de jeunesse dépose un précipité de ténèbres. Mais dans la réserve du papier, l'eau sombre du lavis laisse sourdre le brun-sépia d'un clair-obscur où se devinent d'étranges figures - la silhouette d'un gibet, le ricanement d'une tête sans corps qu'il faut rapprocher d'un lavis de Victor Hugo Gavroche à onze ans (Paris, Maison de Victor Hugo) "Quand l'œil voit noir, l'esprit voit trouble", écrit l'auteur des Misérables. A l'évidence Bourdelle gardait dans l'œil et dans l'esprit l'héritage du romantisme hugolien, obscur et éblouissant à la fois. Il avait accueilli avec enthousiasme le texte de La Fin de Satan, paru à titre posthume en 1886. A Paris, la Galerie Georges Petit avait exposé pour la première fois des encres de l'écrivain. Inspirés de "cette noirceur qui fait de la lumière" , les lavis de Bourdelle révèlent les luttes, les obsessions de l'artiste, aux prises avec son grand dessein poétique.

Auteur de la notice : Jérôme Godeau

  • Victor Hugo, Gavroche à onze ans © Maisons de Victor Hugo / Rog