Modèle avec pied et sans fuseau

  • Antoine Bourdelle (1861-1929)

  • 240 x 84 x 71 cm
  • 1912
  • Bronze - Susse Fondeur Paris n°6
  • MB br. 1852
  • Paris, musée Bourdelle
  • Jardin sur rue

« C’est pour Hélène que les Grecs se sont mis en campagne, pour Pénélope qu’Ulysse erre
à l’aventure. » (Héraclite)

Vivante stèle de la fidélité, la « sage Pénélope » est l’axe du poème de l’Odyssée. Ferveur, douleur de l’attente amoureuse à laquelle la création de Pénélope (1905-1912) donne son juste poids : les yeux clos, la tête appuyée sur sa main, elle espère. Faut-il rappeler que l’œuvre participe de l’histoire intime du sculpteur ? Les traits du visage gardent l’empreinte de la première épouse, Stéphanie van Parys. La posture reprend celle de Cléopâtre « Sevastos en extase devant les divins hindous », au British Muséum de Londres où Bourdelle avait emmené la jeune élève, promise à devenir la seconde épouse. Modelée d’abord en petites dimensions (42, 5 cm), hardiment agrandie (2, 40 m) dans sa version définitive, Pénélope a la plénitude d’une belle architecture. Tout concourt à l’effet de « masse vitale ». Comme les cannelures d’une colonne dorique, les plis de la tunique épousent la générosité des formes, contiennent l’ampleur des volumes. Et l’étreinte du bras achève de rassembler en elle-même cette figure de la solitude – « âme qui se tient debout sans tomber ».

Auteur de la notice : Jérôme Godeau