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Appel à communication / Call for papers
APPEL À COMMUNICATION
« Tisser/Créer. Réinventions de l’art textile de 1945 à nos jours »
Organisée par le musée Bourdelle et l’Institut polonais de Paris les 8 et 9 décembre 2025 à l’occasion de l’exposition « Magdalena Abakanowicz. La trame de l’existence » présentée au musée Bourdelle (20 novembre 2025 - 12 avril 2026), cette journée d’étude a pour objectif de revenir sur l’émergence, à partir de 1945, d’une scène artistique européenne et internationale qui choisit de mettre en forme le matériau textile.
Date limite : 15 juillet 2025
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CALL FOR PAPERS
« Weave/Create: Reinventing Textile Art from 1945 to the Present »
To mark the exhibition “Magdalena Abakanowicz: The Fabric of Existence”, on view at the Bourdelle Museum (20 November 2025 - 12 April 2026), the museum, in collaboration with the Polish Institute in Paris, is organising a study session on 8 and 9 December 2025. The aim is to analyse the emergence, from 1945 onwards, of European and international art scenes that sought to give form to fabric.
Deadline for submissions: Tuesday, 15 July 2025

Journée d'étude : Tisser/Créer Réinventions de l’art textile de 1945 à nos jours
Organisée par le musée Bourdelle et l’Institut polonais de Paris les 8 et 9 décembre 2025 à l’occasion de l’exposition « Magdalena Abakanowicz. La trame de l’existence » présentée au musée Bourdelle (20 novembre 2025 - 12 avril 2026), cette journée d’étude a pour objectif de revenir sur l’émergence, à partir de 1945, d’une scène artistique européenne et internationale qui choisit de mettre en forme le matériau textile.
Appel à communication :
« Je considère la fibre comme l’élément fondateur qui construit le monde organique de notre planète, comme le plus grand mystère de notre environnement. C’est à partir de la fibre que sont construits tous les organismes vivants, le tissu des plantes, des feuilles et notre propre tissu. »
Propos rapportés, “On Fiber”, Magdalena Abakanowicz, cat. exp., Londres, Tate Modern, 17 nov. 2022 - 21 juin 2023, Londres, Tate Publishing, 2022, p.9. [Notre traduction]
Au tout début des années 1960, l’artiste polonaise Magdalena Abakanowicz (1930 - 2017) délaisse le plan du mur pour concevoir des œuvres textiles suspendues dans l’espace, appelées Abakans, qui subvertissent le cadre des catégories artistiques. Ses expérimentations en fibres naturelles (chanvre, crin de cheval, lin, sisal) coïncident avec l’avènement des mouvements artistiques tels que le Fiber Art aux Etats-Unis et la Nouvelle tapisserie en Europe. D’autres artistes s’engagent dans une transition similaire, passant d’une surface bidimensionnelle à un objet tissé, interrogeant la dimension immersive du textile, à l’instar d’Olga de Amaral, Jagoda Buić, Ritzi Jacobi, Ana Lupas, Wojciech Sadley, Sheila Hicks ou Harmony Hammond… Quelles sont les raisons – économiques, politiques, sociales, genrées – qui encouragent les artistes, et notamment les femmes, à s’emparer ainsi de ce matériau à partir des années 1960-1970 ? Peut-on d’ailleurs parler uniquement d’un art textile lorsque le tissu est comprimé, moulé ou recouvert de plâtre ? Les frontières entre tissage et modelage deviennent poreuses, et tout le défi réside dans la manière de « sculpter » les formes molles.
Les réflexions des artistes du minimalisme américain (Donald Judd, Kenneth Noland, Carl Andre) entrent également en résonance avec les propositions de ces artistes, femmes ou hommes, du textile. Dès la fin des années 1960, leurs créations deviennent à leur tour des « objets spécifiques » perçus dans un espace donné et intrinsèquement liés à leurs environnements. Qu’il s’agisse des Abakans ou même des Pénétrables de Jesús-Rafael Soto, ces œuvres proposent des formes pionnières d’installation et deviennent site-specific, constamment remodelées en fonction de leurs contextes de création. A ce titre, comment le matériau textile, une fois séparé du mur, propose-t-il une nouvelle manière d’investir l’espace, puisqu’elle semble se recomposer à l’infini ?
Par ces recompositions successives, l’œuvre textile décrit un processus évolutif comparable à celui d’une croissance organique. Ce caractère biologique est très présent dans le travail d’Abakanowicz, qui interroge l’analogie féconde entre tissu vivant et tissu inerte. La qualité texturée de ses œuvres suppose une fascination haptique, qui appelle un contact, un toucher. Abakanowicz n’a jamais cessé d’affirmer une relation d’identification entre son travail et sa propre peau. Elle n’est d’ailleurs pas la seule artiste à utiliser des matériaux mous pour représenter un corps fragmenté, où le textile remplace le fluide, comme c’est le cas chez Eva Hesse, Lynda Benglis ou Louise Bourgeois. Quelle place est donnée au corps dans cette utilisation du matériau textile, notamment chez les artistes femmes ?
Aujourd’hui, les artistes contemporains développent et élargissent ces liens entre le corps et le tissu dans leurs pratiques variées : broderies, patchwork, couture deviennent des porteurs de messages sociaux, politiques et féministes, surtout après la pandémie de Covid-19. Le tissu est dès lors utilisé comme un matériau devenu le support d’activités collectives, thérapeutiques ou engagées.
Non cantonnées à un champ de recherche spécifique, les propositions de communication pourront s’appuyer sur les thématiques suivantes, sans s’y limiter :
- Approches théoriques : historiographie des mouvements de l’art textile bi- et tridimensionnel (Fiber Art, Textile Art, Wall Hangings…) ; théories de l’art textile et approches interdisciplinaires (histoire de l’art, psychologie, philosophie, sociologie…) ; rôle et origine des traditions populaires, pratiques artisanales et sensibilités locales dans le développement de l’art textile ; métaphores, symboliques et mythologies associées au textile.
- Approches matérielles et techniques : explorations matérielles du textile dans la création artistique après 1945 ; aspects techniques (travail de tissage, travail de broderie, de couture…) ; nouvel intérêt pour le cordage, le tissu, les fibres naturelles ; questions liées à la conservation et restauration de cet art textile.
- Dans l’atelier : caractère collectif du travail textile à travers l’ouverture de nouvelles formations, de cours particuliers dans les écoles d’art et les manufactures ; place des assistants tisserands et leur rôle déterminant dans la création textile monumentale.
- Sculptures textiles : études du matériau et de ses possibilités plastiques, de la souplesse, de l’élasticité des matériaux ; interrogations autour du matériau-peau, de la mollesse en sculpture ; réflexions autour de l’échelle et de la sculpture-textile monumentale.
- Régionalisme / universalisme du textile, pour une histoire mondiale de l’art textile : dépasser la lecture moderniste de l’abstraction textile afin d’aborder le contexte politique et social de ces créations (Europe de l’Est, Amérique du Sud, etc).
- Questions de genre : l’affranchissement du médium et l’affranchissement des artistes femmes ; la place du matériau textile dans l’historiographie des artistes femmes.
Comité scientifique et organisation :
Ophélie Ferlier Bouat, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée Bourdelle
Jérôme Godeau, commissaire d’exposition, historien de l’art, musée Bourdelle
Lili Davenas, conservatrice peintures et arts graphiques, musée Bourdelle
Natalia Barbarska, responsable de projets, Institut polonais de Paris
Les propositions de communication contenant un titre, un résumé (300 mots maximum) et une notice biographique (150 mots max) sont attendues aux adresses suivantes :
Date limite : 15 juillet 2025
Chaque communication durera 20 minutes – hors table-ronde - et pourra faire l’objet d’une captation filmée.
Study session: Weave/Create: Reinventing Textile Art from 1945 to the Present
To mark the exhibition « Magdalena Abakanowicz. La trame de l’existence » [Magdalena Abakanowicz: The Fabric of Existence], on view at the Bourdelle Museum (20 November 2025 - 12 April 2026), the museum, in collaboration with the Polish Institute in Paris, is organising a study session on 8 and 9 December 2025. The aim is to analyse the emergence, from 1945 onwards, of European and international art scenes that sought to give form to fabric.
Call for Papers:
“I see fiber as the basic element constructing the organic world on our planet, as the greatest mystery of our environment. It is from fiber that all the living organisms are built, the tissue of plants, leaves and ourselves.”
“On Fiber”, Magdalena Abakanowicz, cat. exp., Londres, Tate Modern, 17 nov. 2022 - 21 juin 2023, Londres, Tate Publishing, 2022, p.9.
In the early 1960s, Polish artist Magdalena Abakanowicz (1930-2017) moved away from traditional wall tapestry to create suspended textile forms known as Abakans. These works challenged and redefined conventional categories of art. Her experimentation with natural fibres (hemp, horsehair, flax, sisal) paralleled emerging movements such as Fiber Art in the United States and Nouvelle tapisserie in Europe. Other artists, including Olga de Amaral, Jagoda Buić, Ritzi Jacobi, Ana Lupaș, Wojciech Sadley, Sheila Hicks, and Harmony Hammond, undertook similar transitions: they moved from flat surfaces to woven objects, exploring the immersive potential of textiles.
In the early 1960s, Polish artist Magdalena Abakanowicz (1930-2017) moved away from traditional wall tapestry to create suspended textile forms known as Abakans. These works challenged and redefined conventional categories of art. Her experimentation with natural fibres (hemp, horsehair, flax, sisal) paralleled emerging movements such as Fiber Art in the United States and Nouvelle tapisserie in Europe. Other artists, including Olga de Amaral, Jagoda Buić, Ritzi Jacobi, Ana Lupaș, Wojciech Sadley, Sheila Hicks, and Harmony Hammond, undertook similar transitions: they moved from flat surfaces to woven objects, exploring the immersive potential of textiles
How does a textile, once liberated from the wall, redefine the occupation of space, appearing to perpetually rearrange itself? Through these successive reconfigurations, textile works suggest an evolutionary process akin to organic growth. This biological dimension is strongly present in Abakanowicz’s oeuvre, which explores the complex analogy between living and inert tissue. The tactile quality of her pieces evokes a haptic fascination, inviting contact and touch. Abakanowicz explicitly linked her work to her own skin. She was not alone in using soft materials to evoke the fragmented body—textiles standing in for bodily fluids, as in the work of Eva Hesse, Lynda Benglis or Louise Bourgeois. What role does the body play in this textile-based artistic language, particularly for women artists?
Today, contemporary artists continue to explore the relationship between body and fabric in diverse practices. Embroidery, patchwork, and sewing have become vehicles for social, political, and feminist expression—particularly in the wake of the COVID-19 pandemic. Fabric is now employed as a medium for collective, therapeutic, and activist practices.
We invite proposals across disciplines and geographies. Suggested themes include (but are not limited to):
- Theoretical approaches: Historiography of two- and three-dimensional textile art movements (Fiber Art, Textile Art, Wall hangings, etc.); theories of textile art and interdisciplinary perspectives (Art history, psychology, philosophy, sociology, etc.); the role and origins of popular traditions, craft practices, and local identities in the development of textile art; metaphors, symbolism, and mythology of textiles.
- Material and technical approaches: Exploration of textile materials in art since 1945; technical practices (weaving, embroidery, sewing, etc.); renewed interest in ropes, fabrics, and natural fibers; conservation and restoration of textile artworks.
- In the workshop: The collective nature of textile creation, including the emergence of new training programmes and private courses in art schools and studios; the roles of assistant weavers in the making of monumental textile works.
- Textile sculpture: Studies of sculptural potential in textile materials; the flexibility and softness of textiles; the relationship between material and skin; scale and monumentality in textile sculpture.
- Regionalism and universalism in textile art: Toward a global history of textile art that transcends modernist narratives, addressing the political and social contexts of these creations (Eastern Europe, South America, etc.).
- Gender perspectives: The emancipation of textiles as a medium and of women as artists; the role of textiles in the historiography of female artists.
Scientific and Organising Committee:
Ophélie Ferlier Bouat, Chief Heritage Curator, Director of Bourdelle Museum
Jérôme Godeau, Exhibition Curator and Art Historian, Bourdelle Museum
Lili Davenas, Curator of Paintings and Drawings, Bourdelle Museum
Natalia Barbarska, Visual Arts Project Manager, Polish Institute in Paris
Submission Guidelines
Please send your paper proposal (including a title, a 300-word abstract, and a 150-word biographical note) to :
Deadline for submissions: Tuesday, 15 July 2025
Presentations should last 20 minutes (except for roundtable discussions) and may be recorded.

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