65, BOULEVARD ARAGO -
UN CERCLE SYMBOLISTE DANOIS À PARIS

Niels Hansen Jacobsen, fils d’agriculteur, naît à Vejen, petite ville industrielle du  Jutland  au  Danemark,  et  se  forme  à  l’Académie  royale  des  beaux-arts  de Copenhague   dans   la   tradition   du   célèbre   sculpteur   Berthel  Thorvaldsen, imprégnée des modèles de la statuaire antique. Une bourse de voyage distingue son  talent  et  le  mène  de  l’Allemagne  à  l’Italie  puis  à  Paris,  considérée  alors comme la capitale des arts, où il s’installe en 1892 pour dix ans.

De  Montmartre  à  Montparnasse,  on  voit  surgir  de  terre  des  cités  d’artistes, comme l’actuel musée Bourdelle. Au 65, Boulevard Arago, un entrepreneur avisé dispose des pavillons, reliques de l’Exposition universelle de 1878, autour d’un jardin; c’est dans « cette espèce de couvent artistique » pour reprendre les termes du critique d’art Arsène Alexandre qui le fréquente – lieu préservé aujourd’hui sous  le  nom  de  Cité  Fleurie  –  que  Jacobsen  et  son  épouse,  la  peintre Anna Gabriele Rohde, s’établissent. Ils y rejoignent une communauté de sculpteurs nordiques  et  nord-américains. 

Bientôt  ils  attirent  leurs  amis  danois  –  les peintres Axel Hou, Jens Lund, Henriette Hahn, Johannes Holbeck, le sculpteur Rudolph Tegner. L’émulation est d’autant plus vive qu’ils y côtoient des acteurs majeurs du symbolisme : le sculpteur et potier Jean Carriès, Eugène Grasset l’illustrateur, Paul Jeanneney qui collectionne les céramiques japonaises.
De son éloignement du Danemark, de ce creuset d’artistes rassemblés à Paris, Jacobsen tire l’alchimie d’une œuvre éminemment originale, entre identité nordique, obsessions symbolistes, esthétique Art nouveau et expérimentations techniques radicales.

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