• Antoine Bourdelle (1861-1929)

  • 16,7 x 9,9 cm
  • Crayon au graphite et estompe sur papier vélin
  • MB d.1784
  • Paris, musée Bourdelle

Fantôme fascinant, spectre menaçant...le monstre a, par sa conformation et par sa cruauté, partie liée avec la bête - curieuse, féroce et sauvage. Le monstre, c'est l'animalisation des angoisses et des désirs, le rugissement des ombres tapies dans les tréfonds de l'âme. Or, la fin du XIXème siècle entend éclairer les vociférations de ces ombres, animer les spectres : Jean-Martin Charcot puis Sigmund Freud, bien sûr, mais aussi Louis Lumière et Wilhelm Röntgen qui venaient d'inventer simultanément le cinématographe et le rayon X pour donner à voir, luminescents et magnétiques, des formes nouvelles, des monstres insoupçonnés
(cf : Jean Clair, Hubris, La fabrique du monstre dans l'art moderne, Paris, Gallimard, 2012).
Profondément marqué par les désastres de la guerre - ceux du conflit franco-prussien comme ceux, sans doute, de Goya -, Bourdelle sait la barbarie du monde, sa tyrannie et son atrocité. Dessinée ou sculptée (Etude de tête pour le monument de Montauban), sa Tête hurlante, véritable préfiguration de l'expressionnisme, est une gueule qui endure autant qu'elle vocifère.

Notice's author : Colin Lemoine