• Antoine Bourdelle (1861-1929)

  • 84 x 24 x 26 cm
    Titré en bas à gauche «DAPHNE / DEVIENT LAURIER»
    Legs Rhodia Dufet-Bourdelle à la Ville de Paris, 2002
  • 1910
  • Bronze
  • MB br. 935
  • Paris, musée Bourdelle
  • Atelier

« Je fais une Daphné poursuivie et implorante et changée en laurier. Sans trop le vouloir, c'est ton corps. Mais je le déguise un peu sans cela, il serait trop toi ».
Lettre de Bourdelle à Cléopâtre Sévastos, 1910.

Arrivée dans l'atelier de l'impasse du Maine en 1903, Cléopâtre Sévastos entre bientôt dans l'intimité du maître. Dessin, peinture ou ronde-bosse - la jeune élève grecque est une source d'inspiration intarissable. Au cours des années 1905-1915, Bourdelle ne cesse d'interroger le corps de sa Muse, d'en décliner les formes pour mieux les célébrer. L'image de la nymphe transformée en laurier pour échapper aux poursuites d'Apollon est empruntée aux Métamorphoses d'Ovide. Mais le recours au mythe déguise une confidence. L'œuvre est conçue au moment où Cléopâtre, désireuse de se soustraire à la passion du sculpteur, s'est réfugiée dans sa Grèce natale, en Thessalie - la patrie de Daphné...
Bourdelle a saisi l'instant crucial où la nymphe s'abandonne au mouvement ondoyant de l'étreinte végétale : déjà les jambes prennent racine, les bras levés au ciel se font rameaux tandis que le triangle du pubis s'enveloppe d'écorce. L'hybridation et la métamorphose sont chères à Bourdelle comme le dénotent toutes ses variations autour du Centaure mourant ou de la figure de Daphné que l'on retrouve sur l'une des fresques du Théâtre des Champs-Elysées ou encore dans l'aquarelle Mon plan de jardin exécutée en 1919.

Notice's author : Jérôme Godeau