En 1901, émancipé du naturalisme des débuts, Bourdelle exécute son Grand masque tragique, une grimace extraordinairement informe dont le critique Mécislas Golberg pressent qu’elle n’offre « que deux issues : l’ordonnance ou le néant ». Les mois suivants, c’est vers «l’ordonnance » que revient Bourdelle, déployant la figure dans l’espace et sur un socle prismatique, structurant les formes selon des lignes puissantes et architecturées : exposé en 1903 au Salon de la Société nationale des beaux-arts, la Tête dite Hébrard est achetée par l’État avant d’être exposée trois ans plus tard dans le prestigieux musée du Luxembourg.
Du reste, Bourdelle expose désormais avec une régularité métronomique ses plâtres et ses bronzes de Beethoven, pareils à des autoportraits déguisés. 
Qu’elles dénotent une propension monumentale (Beethoven Métropolitain, 1902), une veine décorative (Beethoven, chapiteau aux raisins, 1924-1925) ou une simplification formelle (Beethoven au jabot, 1925), les sculptures à venir confirment toutes la ferveur d’une prospection infinie que seule la mort de Bourdelle, survenue en 1929, viendra interrompre. Chronologique, cet accrochage de têtes, comme autant de mondes tragiques, permet d’approcher au mieux l’intensité de cette hantise, avec ses ruminations et ses fulgurances.

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