• Antoine Bourdelle (1861-1929)

  • 11,8 x 8 x 9,5 cm
  • 1929
  • Plâtre Inv.
  • MBPL4700
  • Paris, musée Bourdelle

Ariane fait partie de ce peuple de statuettes que Bourdelle créa dans les derniers mois de sa vie au Vésinet, dans la petite maison de campagne mise à sa disposition par Eugène Rudier, son fondeur, où il tenta en vain de rétablir sa santé. Sur une photographie (MBPV3278), on voit justement l’artiste attablé dans le jardin, modeler Ariane sur une petite planche de bois.

Sur la table, on distingue aussi la Bergère au mouton blessé. Tous les témoins s’accordent à dire que, malgré son épuisement physique, son ardeur créatrice ne faiblissait pas, comme s’il s’empressait de jeter ses idées dans la glaise avant que la mort ne l’interrompe.

 

Avec Ariane, Bourdelle rend une nouvelle fois hommage à la mythologie grecque : séduite par Thésée, Ariane l’a aidé à s’échapper du labyrinthe, après qu’il a tué le Minotaure ; mais l’ingrat l’a abandonnée sur l’île de Naxos. Le sculpteur combine le pathétique de l’attitude et la rigueur de la construction, conférant à sa figurine la force d’expression d’une statue. Agenouillée, le torse dénudé et rejeté en arrière, la tête levée au ciel, se tenant ses chevilles, Ariane semble prendre les dieux à témoin de son malheur. Mais l’expression est contenue dans une construction stable et rigoureuse, celle d’un triangle rectangle. De là, naît son caractère tragique.

 

Notice's author : Valérie Montalbetti