Si Bourdelle livre de nombreuses déclinaisons du visage de Beethoven, il ne renonce pas pour autant à déployer monumentalement cette figure obsédante. Dès 1903, il entreprend de représenter le compositeur en pied, sur un rocher ou sur une falaise, face aux éléments, se souvenant peut-être des photographies de Victor Hugo lors de son exil à Jersey. Formant une curieuse diagonale arborescente, Beethoven au rocher (1903) emprunte au vocabulaire du symbolisme et de l’art nouveau, tandis que l’Esquisse inachevée (1903), par sa torsion puissante et sa surface accidentée, ressortit sans conteste à l’expressionnisme.

Fragment d’une figure en pied, la petite main de Beethoven drapé (1910) est la partie qui contient le tout : crispée, inquiète, elle parvient à exprimer la fièvre créatrice d’un artiste maudit, à l’instar de La Pathétique qui, réalisée quelques jours avant la mort de Bourdelle, en 1929, réinvestit le thème de la crucifixion et forme une sombre méditation sur la destinée artistique.

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