• Antoine Bourdelle (1861-1929)

  • 36,2 x 19,3 x 15,6 cm
  • 1929
  • Plâtre
  • MBPL2433
  • Paris, musée Bourdelle

Dans la Grèce antique, Asclépios (Esculape dans le panthéon romain) fut d’abord un devin avant de devenir le dieu de la médecine, dont l’attribut est le bâton autour duquel s'enroule un serpent.

Asclépios est la dernière œuvre d’Antoine Bourdelle, modelée en septembre 1929, alors qu'il lutte contre la maladie, comme une invocation au dieu guérisseur. Pour tenter de rétablir sa santé, le sculpteur s’était retiré au Vésinet depuis le mois de mai, dans un pavillon mis à sa disposition par son ami et fondeur Eugène Rudier. L’artiste disait en souriant qu’Asclépios serait bien obligé de le guérir, maintenant qu’il avait réalisé son effigie.

Le dieu de la médecine, appuyé contre une colonne, lève haut le bras droit pour s’adresser à la foule des malades. Le serpent sacré s’enroule autour du corps du dieu et se dresse gueule grande ouverte : lui aussi paraît parler aux foules. La gueule de l’animal et la main de l’orateur évoquent deux voix jumelles.

Bourdelle donne à Asclépios ses propres traits. Est-ce une manière de signifier que la médecine seule ne saurait le sauver, qu’il doit être son propre thaumaturge, comme il l’écrit à son ami André Suarès en juillet 1929 : « La vérité est que je me demande si, même avec le secours du médecin, j’appartiendrai demain à la foule des vivants. Ferai-je un miracle ? Aurai-je assez de volonté pour recréer un corps par l’âme ? J’en doute un peu, mais je résiste. Bien entendu je travaille. »
Face à la maladie, Bourdelle refusait de s’avouer vaincu, il avait tant de monuments à achever, tant d’œuvres encore à créer. Pourtant Esculape ne l’a pas exaucé, Bourdelle meurt au Vésinet le 1er octobre 1929.

Dans son dernier poème, il se tourne vers le « Sublime ouvrier » dont il entretenait ses élèves à la Grande Chaumière : « Être infini hors d’espace et du Temps - Dieu - J’entre en Toi. »

Autor de la nota : Valérie Montalbetti

  • : Anonyme, Antoine Bourdelle et André Suarès au Vésinet, 1929, négatif sur verre au gélatino-bromure d'argent, 12 x 9 cm
  • Anonyme, Antoine Bourdelle assis dans le jardin de Rudier au Vésinet, modelant des statuettes, 1929, négatif sur support souple en nitrate de cellulose, 6 x 9 cm