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Vers 1913, dans un croquis tendrement moqueur, Les élus de Poulette (MBD4800), Bourdelle se représente submergé sous un amoncellement de jouets que vient lui apporter sa fille Rhodia (affectueusement surnommée Poulette). On aperçoit notamment un gros ours sur l’épaule de Bourdelle.
De ce monceau de jouets, Rhodia adulte n’a conservé que l’ours, offert par Gabriel Thomas, riche financier, grand amateur d’art, qui favorisa l’essor artistique de Bourdelle.
Cléopâtre raconte dans Ma Vie avec Bourdelle, que Rhodia enfant était si sauvage qu’elle ne parlait à presque aucun de leurs amis, Gabriel Thomas faisant toutefois exception. Thomas « la gâtait en lui donnant de magnifiques jouets. Elle a encore le grand ours qu’il lui a donné, à l’époque trop grand pour qu’elle puisse le porter et qu’elle traînait par une oreille. Elle dormait toujours avec son ours et disait qu’elle allait se marier avec lui. »[1]
Dès lors, l’attachement que Rhodia âgée témoignait encore à cette peluche, tient probablement au souvenir de cet homme si étroitement lié à son père. Alors que Bourdelle était encore inconnu, Thomas lui confia le dessus de scène du théâtre du musée Grévin (MBPV654 et MBPH0266).
Puis, en 1909, ayant vu la maquette de l’Héraklès archer dans l’atelier, il lui commanda le modèle agrandi, avec lequel Bourdelle triompha au Salon de 1910, œuvre que Thomas plaça dans son parc de Bellevue (MBPH0302).
Enfin, Thomas fut le promoteur du Théâtre des Champs-Elysées pour lequel il demanda à Bourdelle de concevoir la façade et le décor à fresque du pourtour des loges (MBD4802 et MBD2009).
Le mécène possédait également plusieurs sculptures de l’artiste, dont une épreuve en plâtre de la Bacchante aux raisins (1907), ou Le Fruit, version 76 cm (1906), épreuve unique en bronze, réalisée pour lui (MBBR1168).
Ainsi, c’est tout un pan de la carrière de Bourdelle qu’évoque cet ours attendrissant.
Autor de la nota : Valérie Montalbetti