Faune et chèvres - projet de monument à Debussy, grand

De la petite étude Faune et chèvres (1907), Bourdelle a tiré cette composition pyramidale qu’il expose au Salon d’Automne de 1910 et recommande au critique Arsène Alexandre du Figaro : « J’aurai un groupe en bronze, L’Art pastoral [qui] a plus la rudesse de la montagne de Roc et l’odeur quelque peu âcre des bêtes. » ; à un autre correspondant, il vante « l’équilibre Antique » du groupe « asservi à la matière du bronze : [...] le fauneteau bestial innocemment [...] la chèvre avec lui toute fraternelle». Acclamé au Salon, ce bronze séduit aussi les amateurs qui le découvrent à la galerie Montaigne le 2 mai 1913, parmi des esquisses et travaux préparatoires de tous les « camarades » –d’Edouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Henri Lebasque, Jacqueline Marval, Maurice Denis... avec lesquels Bourdelle a œuvré au Théâtre des Champs-Élysées. Dans le quotidien Gil Blas, le critique Louis Vauxcelles qui a pris l’initiative cette exposition, rend compte du vernissage : « Qu’on se hâte d’aller voir ce petit groupe que, faute de catalogue, j’intitule arbitrairement, mais on le reconnaîtra facilement : L’Homme au bouc. » L’Art pastoral impressionne en tout cas durablement Maurice Denis puisqu’en 1920, il sollicite officiellement Bourdelle pour un projet de monument à Claude Debussy à Saint-Germain-en-Laye, ville natale du compositeur. Bourdelle acquiesce sans toutefois donner vraiment suite à la commande... Après sa mort, le projet échoit à Maillol que Denis connaissait de longue date.

Jérôme Godeau