Millett, Madame - tête

Emile Antoine BOURDELLE (1861, Montauban (Tarn-et-Garonne, France) - 1929, Le Vésinet (Yvelines, France))

  • 1917
  • Pâte de verre
  • MBPL2111

À compter des années 1911-1925, Bourdelle réalise toute une série de bustes féminins qui font de lui l’un des artisans modernes de la sculpture polychrome. Dans le sillage de Rodin qui a fait appel Jean Cros (1884-1932) pour traduire certaines de ses sculptures en pâte de verre - notamment le Masque de Rose Beuret et le Masque d’Hanako -, Bourdelle sollicite à son tour le céramiste et maitre verrier. En juin 1917 il lui confie la réalisation en pâte de verre du portrait d’une Américaine fortunée, Irène Mac Neal, devenue peu après Mrs Stephen Millet dont il a modelé un buste en plâtre coloré (1916), dans la lignée de ceux de Mme Zetlin (1911) et Mme Alcorta (1915). A la différence des masques de Rodin où la coloration de verre produit l’illusion troublante de la vie, Bourdelle récuse toute forme de confusion avec le réel : « Vu Rue Auber vos pâtes, écrit-il à Cros en septembre 1917 […] Anako (sic) la sculpture ressemble trop à moulage sur nature, et donne impression trop réaliste pas assez comme votre sculpture et celle de votre père – plus sens décorative. » Jouant en effet du caractère décoratif de la poudre de verre colorée et des oxydes métalliques appliqués à froid et cuits à mille degrés, le statuaire et le maître verrier livrent une figure singulièrement autre. Le modelé simplifié, le regard fixe, la parfaite symétrie de la composition, érigée sur le socle d'une double brique, donne à ce masque la présence hypnotique d'un portrait funéraire gréco-égyptien.

Jérôme Godeau

L’oeuvre sur le portail des collections

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