Le Monument aux Combattants conjugue des dynamiques antagonistes, parvenant tout à la fois à fixer un élan et contenir une fougue. Bourdelle convoque aussi bien La Marseillaise (1833-1836) de François Rude que La Danse (1867-1869) de Jean-Baptiste Carpeaux ou La Défense (1879) d'Auguste Rodin.
Les Figures hurlantes résument l'essence du monument définitif. Présentées comme fragment autonome lors du Salon de la Société nationale des Beaux-Arts de 1899, elles constituent un abrégé de la sculpture in situ. Tandis que deux d'entre elles - La Souffrance et La Mort - se reposent, désertées par la vie, la troisième - L'Épouvante héroïque, frontale - essaie de briser le silence. Gueule ouverte, elle vocifère sous le poids de la souffrance. Les yeux, révulsés d'avoir vu "l'amoncellement unique des charniers", requièrent-ils notre aide ou notre indulgence ?
Ces figures édifiantes n'appartiennent plus à la seule guerre. L'oscillation du titre de l'œuvre l'indique. Immémoriales, elles sont parcourues par l'effroi. De cet effroi qui immobilise et qui prive de mots. Qui pétrifie.
Colin Lemoine
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