Au cours de son incessante activité de dessinateur, Bourdelle a consacré à peine quarante feuilles à la figure de Beethoven, quoique le sujet l’ait hanté continuellement. Ses premières années à Paris coïncident avec ses premières ébauches de composition pour un monument, non réalisé. Ici, seul un piano rappelle la musique. Là, le portrait de Beethoven en buste ressemble à un autoportrait intime, exécuté à la lueur d’une chandelle. À l’évidence, la pensée créatrice est centrale : sculpteur et musicien ne font qu’un.

L’encre de Chine, médium de prédilection de Bourdelle durant les années 1880, traduit par un jeu de clair-obscur la fougue de Bourdelle et la nature passionnée et mélancolique d’un jeune artiste en quête de reconnaissance. À la plume ou au pinceau, le noir intense est jeté vigoureusement sur le papier pour former la figure ou, par contraste, laisser surgir du néant le musicien et son œuvre, véritables métaphores du mystère artistique.

 

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