atelier de sculpture, 2023 photo Pierre Antoine

Restauration et mise en valeur des anciens ateliers
L’ensemble des marqueurs architecturaux et des éléments historiques, témoins de l’époque d’Antoine Bourdelle, ont été soigneusement conservés : respect du mode constructif de type atelier d’artiste, préservation de l’atelier de sculpture et de la façade nord avec ses hautes verrières. Les verres fendus ont été remplacés par des verres étirés de même facture.

L’atelier de sculpture
Occupé depuis le milieu des années 1880 par Antoine Bourdelle, l’emblématique atelier de sculpture a été sanctuarisé à sa mort en 1929. Sa préservation dans le respect des marques laissées par le temps a constitué un enjeu majeur des travaux de rénovation. Les visiteurs retrouvent ainsi intacte la poésie singulière de ce lieu de mémoire unique.
Les murs de l’atelier de sculpture ont fait l’objet d’une restauration complète. Les joints de moellons ont été repris en partie inférieure. Les pans de bois et lambris en partie basse des murs ont été conservés, renforcés ou refaits à l’identique, lorsqu’ils avaient disparu sous l’effet de l’humidité et des attaques xylophages.

L’intégralité des marques laissées par l’activité de Bourdelle ont été soigneusement conservées : clous et graffitis en particulier. Un relevé complet des graffitis des murs a été réalisé avant intervention.
Les peintures en camaïeu gris-vert des murs n’avaient fait l’objet d’aucune intervention fondamentale depuis l’époque de Bourdelle, hormis quelques zones de repeints localisées. Elles présentaient des problèmes de cohésion de la matière et de pulvérulences. Une intervention était nécessaire pour assurer leur bonne conservation. Le support a été d’abord assaini, en particulier par purge des efflorescences de sels.
La restauration des peintures a été menée par une équipe de restaurateurs du patrimoine spécialisés en peinture murale, coordonnée par Pauline Voirin. L’adhérence des couches picturale sur le mur de plâtre a été assurée par l’application d’un adhésif acrylique à faible concentration, soit avec un spalter à travers du papier bolloré quand la surface le permettait, soit en pulvérisation à l’aérographe.
Les murs présentaient de nombreuses zones de lacunes de peintures, laissant apparaitre le plâtre du mur légèrement rosé par le transfert d’une première couche de peinture ocre-rouge. Des retouches d’harmonisation ont été effectuées : une première teinte a été posée à l’acrylique, suivie d’un deuxième passage en jutage, frottage avec peu de matière, pour ajuster la tonalité et l’aspect.

À l’issue de ces travaux conservatoires, l’ensemble du mobilier et les œuvres emblématiques ont été restaurés et replacés à l’identique, en particulier le Centaure mourant installé à la mort de Bourdelle, le torse de Pallas en marbre, le buste de Michel Cognacq. Certaines sculptures en bronze, placées bien après la mort de l’artiste, ont été remplacées des sculptures visibles sur des photographies d’époque : Beethoven aux deux mains, Jeanne Prin et, Femmes et roses, L’Infirmière.

Lors de la création du musée en 1949, les œuvres et objets de Bourdelle avaient été disposés afin d’accueillir le public, dans un aménagement fidèle à l’esprit de celui du sculpteur. Les photographies d’archives ont permis de conforter cette logique, notamment par la réinstallation du Christ médiéval en bois sur la mezzanine. Les textiles en toile de jute installés dans la seconde moitié du XXe siècle ont été remplacés par de nouveaux, davantage conformes aux documents d’époque. Enfin, des sculptures de petites dimensions ont été placées dans les vitrines de la mezzanine, comme c’était le cas du vivant de Bourdelle. Comme à l’ouverture des ateliers en 1938, l’armoire grise a été laissée ouverte pour que le visiteur puisse en découvrir le contenu, un ensemble de petites œuvres en terre et en plâtre.


Atelier de sculpture : Christ, bustes d’évêques et de Vierge médiévaux réinstallés à leur emplacement d’origine, sculptures de petites dimensions placées dans la vitrine de la mezzanine, textile refait dans l’esprit de l’original
Photo © Pierre Antoine  


    
1  Antoine Bourdelle et Marcelo de Alvear dans l’atelier de sculpture, 1922. On repère le Christ suspendu à la mezzanine, le buste de Vierge du XIVe siècle posé sur la poutre bretonne, la base constituée d’une colonne en bois couronnée d’un chapiteau.
©Musée Bourdelle, Paris.
 
2 L’atelier de sculpture à la mort de Bourdelle.
©Musée Bourdelle, Paris.

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