• Antoine Bourdelle (1861-1929)

  • 68 x 52 x 38 cm
  • 1905-1908
  • Bronze
  • MB br. 1106
  • Paris, musée Bourdelle

Tandis que la sculpture intitulée Les Pommes représente sa première femme Stéphanie Van Parys, Bourdelle s'inspire, pour Femme sculpteur au repos, de son élève grecque Cléopâtre Sevastos. Celle qu'il épousera en secondes noces en 1912 est, pour l'heure, figurée en praticienne dévouée. Sereine et gracieuse, elle regarde vers le ciel, encore absorbée par l'œuvre qu'elle vient de délaisser. Les manches de sa blouse retroussées, elle s'appuie de sa main droite sur l'œuvre en cours d'exécution. Le maillet attend la reprise du travail. Cette pose est une pause, dans le temps suspendu de l'atelier.
Les formes généreuses et le déhanchement outré de Cléopâtre dessinent une large courbe à laquelle répond, symétriquement, le geste du bras fermement appuyé sur la sculpture. Cette image éloquente et synthétique n'est pas pour autant éloignée du modèle, reconnaissable à son visage triangulaire et à sa coiffure délicatement tressée. Bourdelle, lui-même, entrevit dans Femme sculpteur au repos un troublant substitut de sa future épouse :
"Chaque fois que je passe près de ta statue, chérie, je la caresse. Le soir, souvent seul, dans l'atelier paisible, crépusculaire, je m'appuie contre elle et je la tiens."
Lettre illustrée d'Antoine Bourdelle à Cléopâtre Sevastos, (non datée), Paris, musée Bourdelle.

Auteur de la notice : Colin Lemoine