• Antoine Bourdelle (1861-1929)

  • 28 x 39,3 cm
  • 1919
  • Plume et encre noire, aquarelle et gouache sur papier
  • 2005.1.1
  • Paris, musée Bourdelle

Auteur d'ouvrages illustrés sur l'horticulture, Jean Viaud-Bruant sollicite Bourdelle en 1918 pour la réédition de Jardins d'artistes. Les peintres jardiniers modernes : « J'aimerais, lui écrit-il, un jardin de Bourdelle composé comme vous l'entendez pour illustrer ma prochaine édition de Jardins d'artistes où les artistes mes amis figurent tous avec une composition de leur genre. »

L'aquarelle que le sculpteur compose en réponse, s'accompagne d'une lettre datée du 1er septembre 1919 : « Monsieur Bruant, je vous envoie le plan du jardin de ma pensée. J'ai toujours ressenti que l'arboriculture et que la flore nous présentent, en même temps que leur beauté à part la joie, la douleur, l'amour, en un mot - toutes les forces, toutes les épopées et les drames de l'homme ».
La rêverie matérielle de l'aquarelle fait affleurer l'image du jardin des origines où le drame humain s'est enraciné. En vertu d'une mythologie hybride, ô combien personnelle, Bourdelle greffe plusieurs traditions - le souvenir du livre de la Genèse et de « l'Arbre au milieu du jardin » est réuni à la fable antique, aux métamorphoses végétales de Daphné. Cette greffe a déjà pris dans des dessins comme Le pommier abandonné ou encore Au jardin d'Eden est un antique pommier abandonné, exécutés deux ans auparavant. Mais Mon plan de jardin est sans doute le plus abouti.
Une même arabesque entrelace les deux corps humains à la vivante plasticité d'un tronc, à la sève des branches. De toutes les hybridations et les fécondations, la plus mystérieuse, la plus obsédante n'est-elle pas celle de l Œuvre de chair ? ...et de l'étreinte immémoriale ?

Auteur de la notice : Jérôme Godeau