• Antoine Bourdelle (1861-1929)

  • 87 x 52.5 x 39,7 cm
  • 1903
  • Bronze
  • MB br. 378
  • Paris, musée Bourdelle
  • Salle Beethoven

Après le Grand masque tragique (1901) de Beethoven, cette sculpture est l'une des dernières à entrelarder les chairs au ciseau et au couteau. Les traits dissous par la fièvre et le visage enfoui sous une grappe proliférante, les seins lourds et les membres bouffis, Vieille Bacchante est emportée par une transe extatique. La figure mythologique renvoie, jusque dans ses formes exubérantes, au culte bachique primitif où tout n'est plus que grimace et délire. Les yeux et la bouche sont des cavités béantes, la peau est alvéolée de lacérations.
Pour reprendre les mots du critique Mécislas Golberg à propos du Grand Masque tragique, les formes disloquées de Vieille Bacchante, à la limite de l'abstraction, invitent à trancher entre "le néant et l'ordonnance". Parce qu'elle explore les confins de l'expressionnisme, l'œuvre constitue le dernier sursaut du "dionysiaque" - littéral et formel - chez l'artiste.
Bourdelle, après s'être aventuré à l'orée du "néant", amorce bientôt un retour à l'"ordonnance". Sa production, à l'image de Vieille Bacchante, bascule. Elle bascule d'une esthétique à une autre, de la dissolution expressionniste à la construction des formes.

Auteur de la notice : Colin Lemoine