Section Apollon - photo Nicolas Borel

Apollon, « Libre de tout passé »

Création, abandon, reprise… Apollon au combat est le fruit d’une longue maturation. Tout commence par l’étude d’un jeune modèle « au fin visage osseux », modelée vers 1898. De cette tête d’argile retrouvée en 1900 dans l’atelier, « toute sèche, fendillée, non finie », Bourdelle prend une empreinte qui conserve les cicatrices du temps. À la recherche de « la forme au-delà du sang, du cartilage », il en tire des masques fragmentaires en plâtre dont il offre un exemplaire à Rodin. Il retravaille dans la terre ce masque, auquel il adjoint un cou plein et massif.
Vers 1909, Tête d’Apollon trouve son architecture définitive dans l’assemblage d’une base taillée en biseau, d’un socle géométrique, quasi cubiste, et d’un visage tout en arêtes, en plans imbriqués. Bourdelle s’affranchit ainsi de Rodin et signe un manifeste moderne. Les sculpteurs Germaine Richier et Jean Arp en saisissent toute la portée.
Vers 1912, des épreuves en plâtre de Tête d’Apollon sont données à Élie Faure, André Gide… Bourdelle la fait ensuite fondre en bronze, l’expose en 1913 à la manifestation internationale d’art moderne de l’Armory Show, à New York, et à la Biennale de Venise en 1914. La même année, ce chef d’œuvre entre au Nationalmuseum de Suède. Apollon au combat – le titre s’impose à Bourdelle en 1913. Combat du sculpteur pour que la forme « arrêtée à propos » s’accorde à la devise d’Apollon : « Rien  de trop. »