Vue de la section Héraklès en cours de montage photo Sandra Courtine

Héraklès, « Moderne et barbare »

À l’aube du XXe siècle, la modernité se décline dans une volonté de rupture ou dans un mouvement de retour. Retour à l’énergie primordiale du mythe, aux formes synthétiques d’un archaïsme nourri d’influences très diverses – antiquités gréco-romaines, civilisations africaines ou océaniennes.
Au Salon de la Société nationale des beaux-arts de 1910, Héraklès archer stupéfie la critique comme le public. Les musées se l’arrachent. À 50 ans, Bourdelle accède à la célébrité.
Tout commence par la pose d’un modèle athlétique. Puisant aux sources plastiques d’une Antiquité toujours plus lointaine, Bourdelle donne corps à la virilité d’un héros « moderne et barbare ». Le geste se suffit : ni flèche ni carquois. Les pieds deviennent des pattes de lion, les mains des griffes.
La musculature, taillée à vif, obéit à une combinatoire magistrale de tension et de déploiement. Pour Bourdelle, « C’est l’élan qui est la loi suprême. »
Filippo Tommaso Marinetti, chef de file du mouvement futuriste italien, rend un vibrant hommage à la dynamique de l’œuvre. Savant équilibre entre vides et pleins, entre droites et courbes, la prouesse de cette construction nourrit l’inspiration de sculpteurs cubistes de la génération suivante, comme Henri Laurens.