Vue de la section le Théâtre des Champs-Elysées photo Nicolas Borel

Le Théâtre des Champs-Élysées, « La fureur mesurée »

Du Centaure mourant (1911-1914), Bourdelle confie qu’il « meurt comme tous les dieux, parce qu’on ne croit plus en lui ». Mais, tout au long de sa carrière, le sculpteur n’a jamais cessé de croire à la vitalité créatrice des mythes gréco-romains. En janvier 1910, Bourdelle est appelé par son mécène et ami Gabriel Thomas sur le chantier du Théâtre des Champs-Élysées, avenue Montaigne à Paris.
Initialement chargé du décor peint et sculpté, Bourdelle est bientôt associé à l’élaboration architecturale du projet conduit par Auguste Perret.
Durant deux années, il reprend le dessin de la façade pour laquelle il taille dans le marbre une frise monumentale, cinq bas-reliefs et exécute pour l’atrium le cycle décoratif d’une quarantaine de fresques. « Jamais je n’eusse pu fournir [autant] sans cette communion étroite » avec Apollon, « maître d’œuvre universel » et avec Bacchus-Dionysos, dieu de la « fureur mesurée ». Ce double patronage résume la recherche du sculpteur, cette interaction de maîtrise et de pulsion. Il dit aussi l’audace plastique et la richesse symbolique des figures hybrides conçues entre 1905 et 1920.
Centaures, faunes, bacchantes et satyres... Tout un cortège fabuleux célèbre l’harmonie retrouvée de l’architecture, de la sculpture monumentale et de la peinture, « dans la fureur de l’hymne ou dans l’abandon de l’offrande ».