Initié par l'entrepreneur de spectacles Gabriel Astruc et l’homme d’affaires et mécène Gabriel Thomas, le projet du Théâtre des Champs-Élysées entend doter Paris d’une nouveau « palais philharmonique ». La réalisation s‘avère riche en péripéties. En juin 1910 Henry Van de Velde est engagé comme architecte conseil ; en novembre 1910, Bourdelle est sollicité par Gabriel Thomas – premier commanditaire de l'Héraklès archer – pour reprendre le plan de la façade de Van de Velde, jugé trop « germanique ». Au début de l’année 1911, l’architecte fait appel à l’entreprise des frères Auguste et Gustave Perret, spécialisée dans la technique du béton armé, pour réaliser l’ossature du théâtre. Le 6 février les frères Perret déclarent le projet « inconstructible en béton armé » puis élaborent les plans d’une « trame constructive » plus rigoureuse et fondée sur les spécificités du nouveau matériau. Henry Van Velde est bientôt évincé. Le 20 juin 1911, Auguste Perret propose une élévation de la façade sur l’avenue Montaigne en partie aveugle, en béton armé plaqué de marbre. Le conseil d’administration du théâtre la récuse. Appelé derechef en renfort, Bourdelle collabore d’autant plus aisément qu’il milite pour que « la sculpture soit l’épanouissement de l’architecture ». En trois semaines et treize esquisses, il conçoit la façade du nouveau temple de la Musique. Le parti horizontal de Perret est abandonné au profit d'un rythme vertical, scandé de hautes baies. Sur cette douzième étude, les figures de la frise et des cinq bas-reliefs sont encore en gestation mais épousent au plus près « la blanche sérénité » du mur, s’accordent « au calme et à l’aplomb majestueux » de ce Parthénon du 20e siècle. Le 13 juillet 1911, Bourdelle reçoit officiellement la commande du décor de la façade et des fresques de l’atrium du Théâtre des Champs-Elysées.
Jérôme Godeau
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