Fauteuil dit "néo-gothique" (en fait, caquetoire néo-Renaissance)

Antoine BOURDELLE PÈRE (attribué à)

  • 1886 - avant mai 1897
  • Bois foncé (noyer ?)
  • 119 x 61 x 43,5 cm
  • ICO556-1 [n° d'entrée]

Le musée conserve « trois fauteuils faits par le père de Bourdelle », donnés en 1949 par Cléopâtre Sévastos Bourdelle. Ces fauteuils souvent dits « gothiques » sont en fait des caquetoires de style Renaissance. La caquetoire apparaît en France dans la seconde moitié du XVIe siècle. Ce petit siège mobile était utilisé par les femmes de condition pour converser. L’assise en trapèze, large à l'avant, les bras arqués ouverts, leur permettait de s'asseoir avec leurs jupes à vertugadin.

Ayant rejoint son fils à Paris en 1886, Bourdelle Père continue son activité d’ébéniste impasse du Maine, dans l’actuel musée Bourdelle. Il a vraisemblablement réalisé à Paris les trois sièges. Peut-être s’est-il inspiré des caquetoires récemment légués par le baron Charles Davillier au musée du Louvre (1883).

Antoine Bourdelle est attaché à son père (MBD1092) et admiratif de son talent : « il devint ébéniste, puis ses talents le firent, de lui-même, sculpteur sur bois, tourneur, marqueteur, et il garde au pays une réputation d'artiste. » Adolescent, Bourdelle avait appris à sculpter auprès de son père, réalisant des copies de meubles anciens.

Le siège apparaît très tôt sur un cliché où le sculpteur, drapé, prend une pose théâtrale dans l’atelier de peinture (MBPV3558). La photographie est datée grâce au journal L’Intransigeant posé sur le fauteuil : c’est la "une" de l’édition du 12 mai 1897. Bourdelle représente le fauteuil dans un dessin de jeunesse, probable composition pour une illustration de livre (MBD4887).

Bourdelle est fier de ces fauteuils, qui trônent sur plusieurs photographies de l’atelier de sculpture dans les années 1920, au moment où celui-ci devient davantage un lieu de réception (MBPV4026). En 1922, Marcelo de Alvear, le petit-fils du général, président de l’Argentine entre 1922 et 1928, s’y installe pendant les séances de pose pour son buste (MBPH0157).

L’artiste aime à y reposer. C’est ainsi que Madeleine Charnaux se remémore sa première rencontre avec le maître en 1917 : « Je reverrai éternellement cette scène. Bourdelle, assis face à moi, dans un fauteuil gothique, un rayon de lumière tombant de la verrière sur son front puissant et tourmenté. »

Indissociable du souvenir de l’artiste dans son atelier, le fauteuil est présenté, vide, à droite du cercueil lors de la veillée funèbre du sculpteur en octobre 1929 (MBPH0115).

Valérie Montalbetti Kervella

L’oeuvre sur le portail des collections

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