La Femme au banjo est un dessin préparatoire pour une grande toile d’André Lhote, Les Jeunes Filles autour de la table, exposée en 1910 à Galerie Druet (auj. Genève, Collection du Petit Palais).
C’est un témoignage des relations entre Bourdelle et Lhote. Le peintre travaille en effet dans l’atelier de Bourdelle en 1912, pour l’aider aux fresques du Théâtre des Champs-Élysées. Il semblerait que Bourdelle l’ait employé à la mise aux carreaux et à l’agrandissement des compositions pour les fresques (Lettre de Bourdelle à Lhote, 23 déc. [1912]).
C’est peut-être par l’intermédiaire de l’homme de lettres Jacques Rivière que les deux hommes firent connaissance. Lhote se montre enthousiaste à l’égard de Bourdelle. En décembre 1912, le prince Eugène de Suède et son neveu sont à Paris et rendent visite à André Lhote par l’entremise du peintre suédois Georg Pauli. Lhote emmène les princes chez Bourdelle, pour leur faire découvrir son atelier. Lors de cette visite, le prince Eugène acquiert le Buste d’Ingres et Apollon au combat. Par la suite, il achète le premier bronze d’Héraklès archer pour son palais de Waldemarsudde.
Dans une lettre de 1912, Lhote évoque un échange d’œuvres entre Bourdelle et lui, pratique fréquente entre artistes. La Femme au banjo participe probablement de cet échange, sans que l’on sache la contrepartie de Bourdelle, ni même s’il s’agit d’un dessin ou d’un plâtre, aucune œuvre ne subsistant dans le fond d’atelier Lhote.
Les deux hommes restent en bon terme après la guerre, mais, tous deux très occupés, ne se fréquentent guère plus. Ainsi, en novembre 1924, Cléopâtre Bourdelle excuse son mari de n’avoir pas assisté au banquet donné à l’occasion du Salon de la Jeune peinture belge, auquel Lhote l’avait convié. Toutefois, Lhote expose au Salon des Tuileries, dont Bourdelle est co-fondateur, dès sa création en 1923. Tous deux collaborent à l’ouvrage de Louise Hervieu, L'Âme du cirque, en 1924. Il semblerait qu’ils partagent également certaines élèves comme Jeanne Bergson, Daria Gamsaragan ou Mela Muter.
À la mort du sculpteur, Lhote rédige un texte hommage, publié dans la Nouvelle Revue Française (nov. 1929).
Valérie Montalbetti Kervella
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