Cette grande table de ferme, longue et massive, est acquise par Bourdelle début 1921, en même temps que les deux bancs (ICO035), auprès d’un antiquaire du Boulevard Raspail à Paris. Le choix de beaux meubles rustiques pour l’atelier de sculpture atteste d’une fidélité à ses origines rurales et simples, même si Bourdelle bénéficie désormais d’une certaine aisance. L’atelier de sculpture devient après la Première Guerre mondiale un studiolo dans lequel il reçoit et présente ses collections, comme le note un journaliste décrivant l’atelier en 1922 : « Sur une table massive qui me parait immense, des cartons ouverts, des dessins de son compatriote Ingres. » Un autre évoque Bourdelle accoudé à la table, tel qu’on le voit sur une photographie de l’atelier (MBPV4028) : « Bourdelle est devant moi, Bourdelle, le plus puissant des sculpteurs contemporains […]. Son gros corps, drapé dans une sorte de lévite couleur de glaise, est accoudé sur la table de chêne. Son visage de faune sourit d'un sourire velu et prolongé, dans ce décor de beaux meubles campagnards. »
Bourdelle rappelait souvent qu’il s’était d’abord formé auprès de son père « qui fabriquait avec un art consommé de ces honnêtes et solides meubles campagnards si logiquement adaptés à leur destination, et doux à l’œil comme à la main qui les polit et les repolit sans cesse. » Il avait ainsi appris le sens de la construction, qu’il jugeait essentiel à la sculpture : « Je crois bien que tailler le bois d’une huche, d’une table ou d’un escabeau est ce qui m’a le mieux appris l’équilibre de la construction. »
Valérie Montalbetti Kervella
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