Ce meuble au bois vieilli (comme ridé) est remarquable par les panneaux à motif plis de serviette qui composent le vantail unique et les montants latéraux, motif caractéristique de l’art gothique ou néo-gothique. Meuble léger, il est muni de poignées de portage sur les côtés, dont l’une manque.
Antoine Bourdelle l’acquiert auprès de Jean Peslier, antiquaire à Avallon (Yonne), comme l’indique une étiquette découverte à l’arrière du meuble en 2020, lors des travaux de restauration du musée. C’est probablement le meuble dont l’artiste accuse réception dans une lettre à Peslier du 1er septembre 1921, écrite juste avant son départ en voyage pour l’Italie :
« Le meuble exténué dans sa matière et contrarié dans son plan est arrivé et garde la sève pensée de son printemps antique. Je ne le touche pas, il est comme un arbre d’automne, il ne faut pas souffler dessus. »
En septembre 1921, en route vers l’Italie, Bourdelle s’arrête voir Peslier à Avallon et repère à nouveau des acquisitions potentielles : des pierres antiques, romanes et gothiques et une enclume. Il en profite pour visiter la Collégiale Saint-Lazare d’Avallon et Vézelay. Les deux hommes deviennent amis et entretiennent dès lors une correspondance.
Bourdelle place le Meuble gothique dans l’atelier, près de la porte d’entrée, où il demeure aujourd’hui. On le repère sur plusieurs photographies de Bourdelle posant dans l’atelier, vers 1925-1928 (ex. MBPH1937 et MBPV4026), ainsi que sur un cliché de l’atelier pris par André Kertész en 1928.
Valérie Montalbetti Kervella
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