Meuble à pastels d’Antoine Bourdelle

Anonyme

  • s.d.
  • Bois (noyer, chêne), métal, zinc
  • 70 x 67 x 46 cm
  • ICO003 [n° d'entrée]

Le Meuble à pastels d’Antoine Bourdelle se compose de quatre tiroirs surmontés d’un caisson à abattant, garni de casiers en zinc. Portatif, il est muni de deux poignées sur les côtés. Les tiroirs contiennent encore des bâtons de pastel et une palette. Le musée Delacroix à Paris et le musée Ingres Bourdelle à Montauban conservent des meubles similaires, ayant appartenu à Delacroix et Ingres, nommés au 19e siècle « Table à peinture ».

Le meuble est aisément identifiable sur une photographie de Bourdelle modelant en 1917 dans l’atelier de sculpture l’Infirmière d’après Madame Alcorta (MBPV3647). Il semblerait donc que Bourdelle l’acquière tardivement, alors qu’il ne pratique quasiment plus ce medium. Le meuble servait aussi pour l’aquarelle et la gouache.

Antoine Bourdelle demeure méconnu comme pastelliste, un mode d’expression où il fait pourtant preuve d’une véritable maestria jusqu’aux premières années du 20e siècle : « De M. Bourdelle, nous avons une série de pastels où s'atteste la plus étonnante virtuosité. C'est une vraie débauche de couleurs, de mouvement, de vie, avec ce qu'il faut, çà et là, de nuances, de clair-obscur, de morbidesse. C'est très intense et très exaspéré, très gracieux et très enveloppant. M. Bourdelle rêve-t-il d'être quelque chose comme un Carrière nouveau modèle, faisant surgir des êtres pensifs, jolis, passionnés, frémissants de vie intérieure, sur des fonds éblouissants, en des feux d'artifice de couleurs ? » écrit un critique en 1899, en conseillant à l’artiste de se méfier de ses dons.

En 1906, Elie Faure consacre un article à « Émile Bourdelle, peintre et pastelliste » : il estime que c’est dans la notation rapide du pastel que Bourdelle dévoile l’homme intime . Le critique avait d’ailleurs acquis le pastel Le Rire.

Œuvre de commande, le pastel constitue une source de rémunération précieuse pour l’artiste, lui permettant de financer ses travaux de sculpture à ses débuts. Bourdelle obtient de nombreuses commandes grâce à un réseau de connaissances souvent issues de sa région natale de Montauban.

Il réalise essentiellement des portraits, et majoritairement féminins. Il en dévoile dès 1889 à la Closerie des Lilas, où le romancier Félicien Champsaur le découvre. Dans les années 1890, il en expose régulièrement au Salon - en 1899, huit pastels figurent au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts. En 1905, il présente encore dix pastels lors de sa première exposition monographique à la Galerie Hébrard à Paris, ce qui témoigne de la valeur qu’il accordait à cette production. Quelques mois plus tard, il en présente cinq au Salon d’Automne.

Le pastel, par sa rapidité d’exécution, lui permet également de conserver le visage et les attitudes de ses proches. Un cliché (MBPV3797) montre Bourdelle assis dans le jardin de l’atelier, présentant le portrait au pastel de sa première épouse et son fils, vers 1905. Bourdelle crée enfin deux bouleversants portraits au pastel de son père lorsqu’il meurt en février 1906 (MBD1092 et MBD1095).

Par la suite, Bourdelle privilégie l’aquarelle. Toutefois il expose encore quelques pastels dans deux grandes expositions monographiques, en 1909 à la Galerie Manès de Prague et en 1928, au Palais des beaux-arts de Bruxelles.

Valérie Montalbetti Kervella

L’oeuvre sur le portail des collections

Suivez l’actualité du musée Bourdelle

Abonnez-vous à notre newsletter

Je m’abonne