Deux compositions avec satyreau jouant de la flûte et syrinx, bergers et chèvres

Transcription : 
« Parmi les touffes ramurées et des rochers, deux bergers et un satyreau font un concours musical.
Une chèvre se dresse et passe sa tête entre un berger et le satyreau, semblant écouter le chant. 
D’autres chèvres ou des moutons de ci de là en beaux groupes. Des coupes de bois, des corbeilles de fruits, une lyre, une syrinx. » 
Bourdelle aime coucher ses pensées dans des petits cahiers d’écolier lignés. Textes et dessins sont souvent associés. 
Ses premières esquisses de sculptures naissent sous sa plume, à l’encre violette. Sur cette page se juxtaposent deux compositions où s’entremêlent bergers, satyreaux et animaux. Juchés sur des rochers, ils se livrent à un concours de musique. Le dessin de l’artiste est souple et fluide. Les points d’encre, violet foncé, à partir desquels sa plume s’élance, enchainant courbures et entrelacs sont bien visibles. Les premiers tracés à la plume, appuyés, enserrent les formes puis quelques traits légers, à l’encre claire, les précisent, ébauchent le cadre naturel. 
Ces deux dessins sont les prémices de petits groupes sculptés Petite Pastorale et Faune et chèvres, exécutés en bronze en 1907 et 1908. 
Bourdelle, petit-fils de chevrier, associe le monde animalier de son enfance à la mythologie et à la musique, thèmes qui lui sont chers. 
Dans ce concours musical d’un autre temps s’affrontent un satyreau, faune cornu à pattes de bouc, jouant de l’aulos, instrument composé d’un double tuyau percé de trous et un pâtre doté d’une syrinx, flûte de pan constituée de roseaux. Bourdelle avait en sa possession une syrinx en buis hérité de son grand-père chevrier qu’il conserve toute sa vie. Dans son Quercy natal, c’est au son de telles flûtes que les bergers conduisaient les troupeaux.

Claire Boisserolles