Antoine Bourdelle les mains sur le plâtre d'une tête de Beethoven

À Montauban, sa ville natale, le tout jeune Bourdelle remarque chez un libraire un portrait du compostieur Ludwig van Beethoven avec lequel il partage le front haut, les yeux de feu et la coiffure fougueuse. Physique, l’identification devient bientôt artistique. Elle le poursuit durablement, ainsi que l’atteste cette photographie, réalisée vers 1908 : tandis qu’il achève son Héraklès archer, Bourdelle choisit de poser face à un miroir avec deux de ses œuvres – son récent Buste d’Ingres (1908) et, au premier plan, son Beethoven, main appuyée sur la joue (1888), l’une des pièces inaugurales du corpus beethovénien. S’appuyant sur le visage du compositeur comme sur l’épaule d’un ami, Bourdelle compose ici de splendides autoportraits triples qui trahissent sa certitude d’appartenir à la même communauté des hommes.

Colin Lemoine