Baiser de Bourdelle en cours de taille
- vers 1900
- Négatif sur verre au gélatino-bromure d'argent
- 12 x 9 cm
- MBPV1908
Ce marbre dont on ne conserve aujourd’hui que des photographies prises à l’atelier par Bourdelle est sans doute celui qui fut exposé une première fois au Salon de la Société nationale des beaux-arts de 1899 sous le titre Visage d’Amour ; une seconde fois en mai-juin 1905 à la Galerie Hébrard, à Paris, pour la première exposition monographique de l’artiste.
Le détourage à la gouache sur la plaque de verre – procédé dont Bourdelle est coutumier – fait d’autant mieux ressortir le contraste entre le poli du visage et la matière encore brute des épaules, du bloc de pierre à peine attaqué. À la même époque, Rodin dont Bourdelle est le praticien, joue lui aussi de l’achevé et du non finito. De ce buste à la pose alanguie, Bourdelle va « tirer une autre pensée », comme lui-même le précise, « tailler une tête d’émotion, de joie, volupté respirant un magnolia ou une rose » et transcrire dans d’autres matériaux – en porcelaine, en grès émaillé, en bronze – toute une série de « Baisers » : Baiser à la rose, Baiser au volubilis, Masque du baiser, Baiser aux nattes… Autant de floraisons de bouches à cueillir, de visages à effeuiller. Le féminin ornemental de l’Art nouveau s’adapte à tous les matériaux, à toutes les formes d’expression et contribue à subvertir la hiérarchie entre arts nobles et arts décoratifs.
Jérôme Godeau

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