À partir de 1929, Michel Dufet dirige les ateliers du Sylve, qui créent de prestigieux mobiliers et décors d’intérieur pour le Bûcheron, grand magasin du meuble, installé 10 rue de Rivoli à Paris. Le Bûcheron propose des pièces qui conjuguent création, modernité et fonctionnalité et édite en série des pièces de qualité artistique. La création moderne devient ainsi à la portée de publics plus larges.
Au Salon d’automne de 1929, il fait sensation avec un bureau novateur entièrement réalisé en zinc poli, matériau d’un usinage délicat. Il s’agit d’une commande de la Compagnie asturienne des mines, désireuse de montrer les riches possibilités offertes par le zinc. Pari tenu pour l’ensemblier, comme l’écrit un critique : « Il appartenait au talent de Michel Dufet de fournir [au zinc] une consécration définitive en l’accompagnant de meubles sobres et nets, d’une décoration chantante et logique. »
Dans la même veine, Dufet expose au printemps suivant un bureau de dame en bois et zinc, à la quatrième Exposition de la Décoration française contemporaine au Pavillon de Marsan.
Ce bureau est constitué d’un plateau ovale, en bois gainé de zinc et de parchemin, supporté d’un côté par un pied en métal, sur lequel s'articulent trois tablettes rondes en zinc, de l’autre par un serre-papier plaqué de bois de bouleau de Carélie. Deux grands cylindres en zinc, munis de portes et étagères, encadrent le serre-papier. Une entretoise également plaquée de bouleau unit le serre-papier et le pied métallique, assurant la cohésion de l’ensemble. Pour le confort, un repose-pied en zinc recouvert de moquette coulisse sur l'entretoise. Le bureau présente une structure raffinée et originale, sans rien céder au caractère fonctionnel.
Michel Dufet aime les plans larges, les surfaces nettes, sans moulures, aux arêtes franches, le rôle décoratif étant assuré par la variété des matériaux et l’agencement des volumes. Ici, les courbes des disques, des cylindres, du plateau ovale, s’opposent à la rigueur parallélépipédique du serre-papier. La blondeur, la chaleur et la matité du bois et du parchemin, contrastent avec la brillance et la froideur du métal. Le plateau, un ovale divisé en quatre secteurs angulaires, tel un tissu d’Arlequin, joue sur les oppositions de formes, de textures et de couleurs.
La photographie du bureau a été publiée dans plusieurs revues, comme Art et décoration (mars 1930) ou L'Art vivant (février 1931). Michel Dufet l’adopte pour son usage personnel et l’installe dans le salon de son appartement, au cœur du musée.
Valérie Montalbetti Kervella
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