Autoportrait de jeunesse au chapeau noir
- s.d.
- huile sur toile
- 55,5 x 46 cm
- MBP037
Âgé de 28 ans, celui qui signe encore Émile Bourdelle se représente de trois quarts, une moitié du visage dans l’ombre de son chapeau et la barbe soigneusement taillée. Si son regard semble assuré, il s’y cache également une âpreté : la mère de l’artiste est décédée un an plus tôt, une perte cruelle pour Bourdelle qui n’en sort pas indemne et cesse un temps de modeler. C’est par la peinture et le pastel qu’il reprend petit à petit goût au travail.
L’intérêt que Bourdelle porte à la figure humaine passe d’abord par le regard qu’il pose sur la « seule figure qu’[il] ne peu[t] modifier » : la sienne. Dans l’attention particulière qu’il porte à l’évolution de sa propre silhouette, il semble attacher de l’importance aux échos possibles entre sa personne et ses différentes facettes d’artistes (sculpteur, peintre, pastelliste, dessinateur, photographe), jouant avec toutes les disciplines qu’il maîtrise, et usant d’un miroir disposé dans son atelier pour ses autoportraits peints ou photographiés (MBPV337, MBPV234).
Un autoportrait au fusain de l’artiste (MBD1458.1), certainement un peu plus tardif, représente Bourdelle dans une position similaire, le chapeau vissé sur la tête. Mais la liberté prise par Bourdelle avec le fusain, le caractère synthétique et expressionniste de ce portrait, soulignent toute la créativité qui irrigue son dessin et sa sculpture – là où sa peinture montre un artiste assagi, qui ne se permet pas d’être aussi expérimental.
Lili Davenas
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