Isadora dansant

Emile Antoine BOURDELLE (1861, Montauban (Tarn-et-Garonne, France) - 1929, Le Vésinet (Yvelines, France))

  • s.d.
  • Plume et encre brune, aquarelle sur papier contrecollé sur support secondaire papier
  • 25,8 x 20,1 cm
  • MBD6484

Avec ce dessin, Bourdelle livre une image aérée et aérienne d'Isadora Duncan (1877-1927). Cette danseuse américaine révolutionna son art en s’affranchissant des codes académiques. Abandonnant pointes et tutu, vêtue de voiles amples, elle recourut à la tradition grecque antique pour privilégier le rapport au corps et promouvoir une gestuelle plus libre, plus spontanée.

Tout paraît simple dans ce camaïeu d'ocres et de jaunes irisé par les seuls roses des chairs. Les bras de la jeune femme dessinent un « V » épanoui tandis que ses pieds légèrement décalés contreviennent au déséquilibre de la pose. L'encre, cursive, vient suggérer ça et là quelques plis sur une tunique virevoltante. Au sommet de son art, la danseuse s'offre aux regards tandis qu'elle dérobe le sien. Son visage à peine empourpré par l'effort semble jouir de cet instant d'intimité et d'éternité.

Quelques lignes et quelques couleurs aquarellées. Bourdelle, usant d'un « presque rien », immobilise une chorégraphie vue pour la première fois en 1909 lors d'une interprétation de l'Iphigénie de Gluck.

Un hommage minimaliste, plein de déférence et d'aveux. Quelques mois avant sa mort tragique, alors qu'elle s'adresse à son Pygmalion, la danseuse s'autorise un rare tutoiement : « N'importe la perte de tout puisque je retiens ton affection. » (Lettre d'Isadora Duncan à Antoine Bourdelle, 1er décembre 1926, Paris, musée Bourdelle.)

Colin Lemoine

L’oeuvre sur le portail des collections

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