Le pommier abandonné

Emile Antoine BOURDELLE (1861, Montauban (Tarn-et-Garonne, France) - 1929, Le Vésinet (Yvelines, France))

  • 2 septembre 1917
  • Plume et encre noire, aquarelle sur papier vélin
  • 15,5 x 20,1 cm
  • MBD5186

Figure hybride du désir, Le Pommier abandonné précède de deux ans l’exécution du dessin Mon Plan de jardin mais participe de la même veine. Le médium fluide de l’aquarelle est propice à la richesse plastique d’une vision où se confondent les règnes et les mythologies, s’effacent les frontières entre le jardin d’Éden et la fable gréco-romaine. Le féminin végétal du Pommier, abandonné à son étreinte, offre un contrepoint graphique à Daphné changée en laurier, la ronde-bosse que Bourdelle a modelée sept ans plus tôt ; et une variation librement fidèle de la transformation de la nymphe telle que la chante Ovide, au Livre I des Métamorphoses : « Une mince écorce entoure sa poitrine tendre, / Ses cheveux s’allongent et deviennent feuillage, ses bras des rameaux ; / Son pied, si véloce tantôt, se fixe au sol par d’inertes racines »…

Mais la stylisation de cette Ève-pommier, à la nudité éclatante et limpide, est d’abord le fruit d’une vie de recherche plastique. L’offrande ronde et sphérique de la pomme qui symbolise aussi celle du sein est une greffe de l’art et de l’érotique de Cézanne dont Le Fruit ou la Nudité des fruits (1902- 1911) est sans conteste l’aboutissement magistral. On peut déjà en goûter les prémices dans Les Pommes (1907) qui est tout à la fois un hommage aux Baigneuses du maître aixois et à Stéphanie Van Parys, la première femme du sculpteur.

« Vois, tu fus à la fois la fleur et fruit dans les branches / Tes pommes s’empourprant faisaient rougir leurs fleurs » (Antoine Bourdelle, "A ma femme", Cahier bleu n°12, décembre 1905).

Jérôme Godeau

L’oeuvre sur le portail des collections

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