Rodin au travail

Emile Antoine BOURDELLE (1861, Montauban (Tarn-et-Garonne, France) - 1929, Le Vésinet (Yvelines, France))

  • vers 1909
  • Plume et encre brune, aquarelle sur papier
  • 18,5 x 23,2 cm
  • MBD5598

Le regard tourné vers l’horizon dans une méditation propre aux grands esprits, le maître Rodin semble pourtant fléchir, tandis qu’il trouve à s’adosser sur une stèle semblable à celle qui lui servira de buste dans le portrait sculpté que Bourdelle modèle de lui et expose en 1910. Pourtant, pas de stèle ici, mais une préfiguration de l’artiste travaillant à sa Porte de l’Enfer, dont il a obtenu la commande pour le futur musée des Arts décoratifs à Paris en 1880 et dont Bourdelle, en 1909, ne connaît que le plâtre présenté au Pavillon de l’Alma lors de l’Exposition universelle de 1900. Les indications de Bourdelle, certainement ajoutées postérieurement, confirment l’iconographie de la scène : « Rodin / au travail / Ses débuts / de la porte / de l’Enfer ». Dans le bronze qu’il effectue en 1910 (MBBR4527), cette composition, qu’il abandonnera par la suite pour se concentrer sur le buste, est semblable au dessin : Rodin barbu, sur le front duquel on sent poindre les cornes de Moïse, tient fermement un morceau de pilastre de la Porte. S’il est rare de voir des dessins préparatoires ou concomitant à l’édification des sculptures de Bourdelle, il apparaît clairement ici que dessin et sculpture évoluent de concert.

Dans ce portrait dessiné, la Porte de l’Enfer, où Bourdelle voit « un combat d’art indicible, en plus de l‘amour qui se rue, de la terreur qui croule, de la fureur qui pleure » (Bourdelle, « Rodin et la sculpture », p.142), est matérialisée dans sa dure réalité : une gestation éternelle. Le maître semble encore et toujours à la recherche de ces trois portes, « la porte de l’art, la porte de l’enfer ou la porte de l’idéal ». Bourdelle doit attendre mai 1927 pour découvrir l’œuvre fondue, chez Rudier, venant ainsi nier l’inachèvement longtemps associée à la Porte.

Ce dessin est publié dans l’ouvrage édité en 1937 par Claude Aveline sous le titre La sculpture et Rodin, où sont regroupés tous les écrits de Bourdelle sur Rodin, ainsi que les dessins de Bourdelle, d’après ou sur Rodin.

Lili Davenas

L’oeuvre sur le portail des collections

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