De Ludwig van Beethoven, Bourdelle livre environ 80 effigies de 1887 jusqu’à sa mort, en 1929. Ces variations autour du visage du génial compositeur allemand constituent autant d’autoportraits déguisés. Après des premiers essais naturalistes, le sculpteur évolue vers une image toujours plus synthétique, débarrassée de tout réalisme. Plus de cravate, de vêtement, juste une face synthétique, emblématique.
En 1901, Bourdelle pousse ses recherches aux limites de la figuration avec son Grand masque tragique. Le tourment s’est fait torture, la moue du visage est devenue un masque monstrueux, les yeux des globes aveugles et indistincts. Procédant par déformation et soustraction, le sculpteur livre un visage grimaçant informe et poignant, en décomposition. Le critique polonais Mécislas Golberg, ému par ce masque monumental, y perçoit un basculement : « Au-delà de ce masque, il n’y a que deux issues : le néant et l’ordonnance. » Quelques semaines plus tard, Bourdelle choisit l’ordonnance par un retour à la figuration…
Colin Lemoine
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