Daphné changée en lauriers

Emile Antoine BOURDELLE (1861, Montauban (Tarn-et-Garonne, France) - 1929, Le Vésinet (Yvelines, France))

  • 1910 - 1911
  • Bronze
  • 83,7 x 27 x 24 cm
  • MBBR935

« Je fais une Daphné poursuivie et implorante et changée en laurier. Sans trop le vouloir, c'est ton corps. Mais je le déguise un peu sans cela, il serait trop toi » (lettre de Bourdelle à Cléopâtre Sévastos, 1910).
Arrivée dans l'atelier de l'impasse du Maine en 1904, la jeune élève grecque Cléopâtre Sévastos entre bientôt dans l'intimité du maître. Dessin, peinture ou ronde-bosse… au cours des années 1905-1915, Bourdelle ne cesse d'interroger le corps de sa Muse, d'en décliner les formes pour mieux les célébrer. Emprunté aux Métamorphoses d'Ovide, le mythe de la nymphe transformée en laurier pour échapper à la traque Apollon, retrouve toute sa charge pulsionnelle. L'œuvre est conçue au moment où Cléopâtre, enceinte du sculpteur, s'est réfugiée dans sa Grèce natale, en Thessalie – la patrie de Daphné...

Bourdelle capte l'instant crucial où la nymphe éperdue s’abandonne à l’étreinte ondoyante de la métamorphose : déjà les jambes prennent racine, les bras levés au ciel se font rameaux tandis que le triangle buissonnant du pubis s’offre comme le point hypnotique de l’hybridation langoureuse. Saisie dans son « extase florale », cette féminité ressortit à la logique « biologico-ornementale » de l’Art nouveau, s’apparente à la stylisation des arabesques métalliques des bouches de métro d’Hector Guimard. Profondément enracinée dans la mythologie personnelle de l’artiste, la figure de Daphné se déploie sur l'une des fresques du Théâtre des Champs-Élysées et dans des aquarelles plus tardives comme Le pommier abandonné (1917) ou Mon plan de jardin (1919).

Jérôme Godeau

L’oeuvre sur le portail des collections

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