Le Fruit est une épure, presque un mirage où la simplicité apparente recèle de grandes forces d'invention. Dans cette œuvre toute en courbes et contre-courbes, Bourdelle réinterprète - en l'exacerbant jusqu’à son point de rupture - le contrapposto antique. La sinuosité cache un mouvement serpentin très élaboré. Les pieds négligemment croisés et le torse désarticulé révèlent une silhouette de Tanagra. Le bras droit crée un hiatus visuel dans cette fluidité. De son côté, le bras gauche dissimulé est une invite à tourner autour de la ronde-bosse. Les pommes, quant à elles, se souviennent de Cézanne : cette Eve moderne a des allures de baigneuse. La simplification des formes et la répartition architectonique des masses, évoquent également l'Espérance (1871-1872) de Puvis de Chavannes. Enfin, le Fruit présente des liens formels avec la Serpentine (1909) de Matisse, lequel vint parfaire son métier de sculpteur dans l’atelier de Bourdelle au début du siècle.
Colin Lemoine
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